Bureau d’information Belarus in Focus

Feb 20, 2024

L'ampleur de la présence du Wagner PMC en Biélorussie est devenue un sujet de spéculation suite aux rumeurs de rappel de mercenaires en Russie. Cependant, leur base près d'Osipovichi continue de s'étendre. Bien que Loukachenka ait nié sa déclaration selon laquelle les wagnériens souhaitaient faire des «excursions» le long du couloir de Suwalki, les troupes biélorusses et wagnériennes ont commencé à mener des exercices dans les environs. Comme prévu, les pays voisins ont réagi en renforçant leur présence militaire à la frontière. Cela a semblé surprendre Minsk, qui continue d’assurer à la communauté internationale qu’elle n’a pas de projets agressifs. Cependant, le régime biélorusse a fait les mêmes affirmations à l’approche de l’invasion russe en février 2022 ; la méfiance de l’Occident est donc logique et attendue.

Malgré les rumeurs selon lesquelles les combattants du Wagner PMC retourneraient en Russie faute de fonds, leur base dans le village de Tsel a continué de s'étendre. De nouvelles images satellite montrent une augmentation de 930 véhicules et 18 semi-remorques surbaissées, mais 2 camions semi-remorques de moins et une absence totale de bus par rapport aux images du 17 juillet. Jusqu'à 40 conteneurs maritimes et des travaux de construction sont également visibles, et le nombre de tentes n'a pas changé. A en juger par le nombre de véhicules, on peut supposer que la base est entièrement équipée.

La Russie envisage de renforcer prochainement ses forces aux frontières occidentales de l’État de l’Union, ce qui implique le déploiement de contingents supplémentaires sur le territoire biélorusse.

Entre-temps, les instructeurs du Wagner PMC continuent d'étendre leurs activités de préparation au combat, en participant à un exercice de commandement et d'état-major avec la 6e Brigade mécanisée des gardes séparées (Grodno) sur le terrain d'entraînement de Gozhsky. Le lieu se trouve à proximité immédiate de la frontière lituanienne et du corridor de Suwalki – un saillant du territoire polonais et lituanien entre la Biélorussie et la région de Kaliningrad de la Fédération de Russie.

L'exercice vise à répéter la gestion des unités lors des opérations de combat et impliquera probablement une utilisation intensive de drones, de chars et d'unités de fusils motorisés, en étroite coopération avec les unités d'autres branches des forces armées. L'exercice simule des conditions de combat réelles, notamment des services médicaux tactiques et l'évacuation des blessés.

Les services de renseignement occidentaux considèrent ces activités comme une démonstration de force russe contre l’OTAN en utilisant les troupes biélorusses. Cependant, les pays baltes et la Pologne se méfient des actions provocatrices ; Varsovie suggère que les wagnériens pourraient être utilisés pour des actions hybrides, des incursions armées aux frontières, une pression migratoire accrue, etc.

La Pologne a annoncé « l’opération Rengaw » en réponse aux attaques hybrides de la Biélorussie en cas de détérioration de la situation à la frontière polono-biélorusse. Une force opérationnelle a été déployée dans la voïvodie de Podlaski pour servir de moyen de dissuasion et, si nécessaire, réagir immédiatement. Pendant ce temps, « l’opération GRYF » des gardes-frontières polonaises vise à renforcer la frontière avec jusqu’à 4 000 soldats et 6 000 supplémentaires en réserve.

La Pologne est prête à fermer les passages à niveau avec la Biélorussie, si nécessaire, et Varsovie et Vilnius ont déjà convenu d'une fermeture commune des passages à niveau routiers. La Lettonie pourrait également participer. Pendant ce temps, la Lituanie pourrait fermer les postes de contrôle de « Šumskas » et de « Tverečius » à partir du 15 août, motivée par la perception d'une menace croissante due à la présence du Wagner PMC. La fermeture permettra aux services frontaliers et douaniers de se concentrer sur les principaux points de passage du trafic en provenance de Biélorussie.

La présence du Wagner PMC a également incité la Lituanie à demander au gouvernement allemand d'accélérer le déploiement promis de 4 000 soldats de la Bundeswehr sur le flanc oriental de l'OTAN.

La Lettonie a introduit un régime renforcé de protection des frontières à Daugavpils et dans les trois districts frontaliers de Ludza, Kraslava et Augšdaugava du 11 août au 10 février 2024 en raison du nombre disproportionné et croissant de tentatives de franchissement illégal des frontières.